La mine d'argent des Chalanches


Comment se rendre sur le site des Chalanches :


Parcours à pied : Difficile. Temps de parcours : 1h à 3h.


Le site minier des Chalanches est situé entre 1800 et 2250 m d'altitude sur les contreforts sud de la chaîne méridionale de Belledone.

L'accès se fait par l'ancien sentier minier et il est absolument nécéssaire de s'équiper convenablement pour une marche en montagne de plusieurs heures. Certains passages sont assez scabreux du fait de l'abandon du chemin.

Depuis Allemont-l'Eglise, prendre la route qui mène à La Traverse. La route traverse ce hameau puis marque un lacet à droite. Environ 300 m plus loin et au niveau d'un virage à gauche de la route on trouvera un départ de sentier balisé par un panneau qui indique Les chalanches et La Grande Lance d'Allemont. Le sentier monte rapidement dans la forêt avant de se diviser en deux embranchements : à gauche pour Les Chalanches et à droite pour la Grande Lance d'Allemont. C'est au sortir de la forêt que le chemin devient dangereux, à l'aplomb de Rochetaillée. Il traverse plusieurs ravins et est emporté en plusieurs endroits. Après près d'un kilomètre à flanc de pente le sentier débouche sur un épaulement : laisser à gauche le sentier qui conduit au ruisseau de Bâton et monter à droite droit dans la pente par un cheminement assez raide sur l'arête sur environ 200 m. Le sentier débouche sur un replat au pied du cirque de Chalanches, replat où se trouvent les ruines de l'ancienne batisse des mineurs.

Une fois parvenus au centre minier vous pouvez admirer le paysage de ce magnifique point de vue sur la Meije et le Massif des Ecrins et sur la plaine de Bourg d'Oisans.

Des entrées de galeries s'ouvrent juste derrière les ruines et plus haut dans la pente. Elles sont marquées de terrils brunâtres. C'est le quartier des Chalanches. Malheureusement toutes ces entrées de galeries sont aujourd'hui obstruées par des éboulements. D'autres entrées s'ouvrent également de l'autre côté de l'arête.

Le quartier des Cromots est lui situé de l'autre côté du cirque. Là, plusieurs galeries, dont les entrées sont également soulignées par des terrils de part et d'autre d'une énorme masse rocheuse, sont encore accessibles. Ne pas hésiter à bien repérer de loin les "sources" des terrils de manière à les retrouver facilement une fois sur place, car vus de loin, ils ont tous l'air d'êtres les uns à côtés des autres, mais une fois sur place il n'est pas aisé de se déplacer sur une pente à 45 degrés encombrée de masses rocheuses qu'il faut contourner, le tout à la recherche de trous de quelques dizaines de centimètres à peine.


Historique de la mine d'argent des Chalanches

Elle fut découverte en 1767 par une bergère et rapidement exploitée en secret par les habitants d'Allemont. Mais à la suite d'un éboulement grave les autorités sont alertées et la mettent en exploitation dès 1768, stoppant net les grattages clandestins.

En 1777, le Comte de Provence qui a acquis la concession, engage un jeune ingénieur saxon nommé Schreiber. Johan Gottfried Schreiber est né le 5 aout 1746 à PoberShau en Saxe. Sous son impulsion les mines connaissent alors un essor considérable. La production atteint 600 Kg d'argent par an en 1784 et 1785 avec 90 ouvriers.

Shreiber s'interesse également à toutes les autres mines autour d'Allemont : le Grand Clos, la Gardette, le Pontet, l'Alpette, Brandes et l'Herpie, le Lac Blanc, Venosc, La Mure, Saint-Arey, le Valgaudemar. Mais c'est aux Chalanches qu'il s'impliquera le plus, seule mine de la région qui lui semble digne d'interêt.

En 1792, les mines deviennent mines nationales. Schreiber parvient à y maintenir les installations en parfait état de fonctionnement pendant une dizaine d'années face à l'abandon des instances dirigeantes de ces années révolutionnaires. Les lingots d'argent sont expédiés vers Paris mais l'argent nécéssaire au fonctionnement ne revient pas.

Pendant le XIXème siècle, les mines sont vendues à de multiples reprises et plusieurs sociétés tentent de les exploiter mais sans jamais parvenir à y trouver leur compte. On y extrait notamment des haldes le nickel et le cobalt délaissés jusqu'alors.


Aux Chalanches, environ 1500 mètres de galeries ont été percés au total. Pendant l'époque Schreiber, 9 453 470 grammes d'argent ont été extrait sur environ 30 ans. Mais on estime à 2 500 Kg les vols commis.

Pour lutter contre ces vols, les autorités avaient recours au monitoire : vieille institution créée par le pape Alexandre III vers 1170. Il s'agit d'une pratique religieuse qui doit donner mauvaise conscience aux voleurs et à leurs complices en les menacants de mort dans l'année. On peut tout de même s'interroger sur l'influence réelle de ces processions étant donné que dans le village d'Allemont, l'ingénieux curé avait même installé un atelier de fonderie à côté de la sacristie pour "liquider" discrètement le minerai apporté par ses fidèles quand la mauvaise saison empéchait les réunions secrètes dans les bois.


Situation géologique de l'exploitation

Les mines sont creusées dans des gneiss, amphibolites et schistes micacés de la "série satinée".

Le gisement est de type stockwerk, c'est à dire dans une zone s'étendant à l'intersection des accidents de ruptures tectoniques de directions différentes. La minéralisation y est disséminée en d'innombrables veinules d'orientations diverses.

L'exploitation est séparée en deux quartiers de part et d'autre de la faille de la Draye de l'Aiguille. A l'Ouest de cette faille on trouve le quartier des Cromots et à l'est le quartier des Chalanches. L'exploitation est bordée à l'est par la faille de la Draye Grande.

Minéralogie

Au centre de la combe, dans le lit du ruisseau asséché on peut trouver du quartz avec de la chalcopyrite, de la malachite, du cuivre gris ou de la sidérite. Sur le côté droit du cirque, dans les plus vieux travaux, la gangue de gneiss et de micaschiste renferme de jolis grenats roses, de l'épidote, de la muscovite, un peu de staurotide en bâtonnet de 2 à 4 mm et de la pyrite.


L'exploitation des mines des Chalanches

Pendant la grande époque des Chalanches, sous Schreiber, le travail se faisait encore à l'outil à main. Et l'une des principales causes d'abandon des galeries était encore la perte du filon par amincissement ou par rejet de faille et l'impossibilité de le retrouver.

Les autres causes d'arrêt de percement de galeries étaient la chute de la teneur en argent ou bien la démultiplication en mince bandes (mm) du filon. Dans ce dernier cas ce sont les moyens insuffisant de traitement du minerai qui conduisait à l'arrêt d'une galerie.

Ce traitement commencait par un premier scheidage en sortie de galerie, poursuivi par les essais et les tris sur la plateforme de la galerie. Après ce premier tri le minerai était descendu à travers la montagne jusqu'à la fonderie d'Allemont, hameau entièrement construit pour le traitement du minerai. Le minerai était lavé puis broyé par une sorte de chaîne à pilons. Les boues d'ocres ferrugineuses étaient lavées. Puis le minerai était fondu avec des litharges (oxyde de plomb), du minerai de plomb ou du plomb metallique provenant des mines des environs (La Garde, Oulles...).

A Allemont, on traitait de nombreux minerais de plomb argentifère provenant de tout l'Oisans. On y a extrait l'or du minerai de la Gardette. On y a coulé le fer venant du minerai extrait de Belledone.


La cuvette de Bourg-d'Oisans - Les Chalanches - La Gardette